De ce que nous savons, pour les archéologues tout commence dans une   grotte du nom de Hohle Fels, en Allemagne.

On ne peut faire de l’Histoire que sur les trouvailles, cela n’a rien d’imaginaire !

Donc cela fait des décennies que les archéologues viennent à Hohle Fels étudier les restes d’une culture disparue depuis des lustres : celle de l’aurignacien, qui a perduré de 40 000 à 32 000 ans avant J.-C., la période où l’homme moderne a entamé son évolution. Les chercheurs ont exhumé d’innombrables lames et burins, outils de ces premiers Homo sapiens.

En 2008, ils ont fait une découverte sensationnelle : un os creux, de 22 centimètres de longueur, provenant d’une aile de vautour. Puis les archéologues y ont découvert de petits trous et entailles. Ils ont assemblé les morceaux et, aussitôt, ils ont compris ce qu’ils avaient entre les mains : une flûte. Une flûte de 40 000 ans.

Le plus vieil instrument de musique du monde connu. Les chercheurs s’accordent largement sur un point : le fait que ces hommes de l’âge de la pierre, qui pouvaient parcourir jusqu’à 20 kilomètres par jour à travers la toundra de l’époque glaciaire pour chasser le renne et le mammouth, qui luttaient constamment contre le froid, les tigres à dents de sabre et les parasites importuns, prenaient le temps de faire de la musique, est d’une importance capitale.

Ce goût pour la musique a donné à l’Homo sapiens un avantage sans pareil et, peut-être même, comme le supposent certains chercheurs, a-t-il assuré sa survie. Car la musique a tissé entre les humains un lien qui les rassemble jusqu’à aujourd’hui. Quarante mille ans après qu’un homme des cavernes eut l’idée de transformer un os de vautour en instrument de musique, l’Homo sapiens ne lutte plus contre les tigres à dents de sabre mais contre les virus. Il craint pour sa vie, il redoute la solitude. Et que fait-il ? De la musique.